PAR
ISA
– 9 JUIN 2010ISA
CLASSÉ DANS : FICTION, TOUTES LES FEMMES CÉLÈBRES
En apparence, Carrie White est une adolescente comme les autres. Elle vit avec sa mère, Magaret, à Chamberlain, dans le Maine, au milieu des années 70. Seulement voila, Carrie est un peu différente, et n’est pas vraiment heureuse.
La première responsable est sans aucun doute sa mère, une chrétienne fondamentaliste radicale qui lui inculque des valeurs rétrogrades et culpabilisantes. Carrie White aime beaucoup sa mère, et prend très à cœur ses croyances. Du coup, elle est un peu perdue dans son lycée, dans ce monde qui a l’air un peu fou, un peu trop libéré, et où elle est le souffre-douleur de sa génération. Il faut dire que l’adolescence est un âge impitoyable, où les humiliations sont quotidiennes.
Carrie est coincée entre ces deux univers, et lorsqu’ils rentrent en collision, elle en est la première victime. Carrie a ses premières règles, dans les douches, après un cours d’éducation sportive. Pour sa mère, le sang est le signe que le malin, le démon, a pris possession du corps d’une femme, et s’il on suit sa logique macabre, il est normal qu’elle n’ait jamais parlé à sa fille des changements que son corps allait connaitre. Ainsi, lorsque Carrie voit le sang couler entre ses cuisses, elle est effondrée, terrorisée, et croit mourir. A sa terreur s’ajoute vite l’incompréhension de voir ses camarades de classe, dégoutées et hilares, lui jeter au visage des tampons et des serviettes hygiéniques.
Malheureusement pour ces derniers, Carrie White n’est pas une jeune fille comme les autres. Carrie a un don, celui de déplacer les objets par la pensée. Carrie a le don de télékinésie.
Vous l’aurez sans doute compris, nous sommes ici dans une fiction, dans le premier roman de l’écrivain américain Stephen King, le livre Carrie, qui aura lancé la carrière incroyable d’un des plus grands écrivains populaire d’Amérique du Nord, notamment grâce à l’adaptation cinématographique particulièrement réussie de Brian de Palma et l’interprétation géniale de Sissy Spacek.
Carrie White, malgré ses dons surnaturels, est bel et bien une adolescente comme les autres, et c’est là ce qui rend ce livre si fort. Qui n’a jamais connu les humiliations, les déceptions amoureuses ou la rancœur de l’adolescence? On a tendance, et c’est une erreur, à réduire l’ »âge ingrat » aux changements du corps. L’adolescence, comme Stephen King le montre avec brio, est surtout une époque d’une violence rare qui est d’autant plus intolérable que les adultes n’y prêtent pas attention. Ces adultes sont vexés de ne plus comprendre les codes et les conventions d’une époque définitivement révolue pour eux; ils sont vexés parce qu’ils se rendent compte qu’ils ont vieilli.
Pour préserver le plaisir de la découverte, nous ne parlerons pas plus de l’intrigue de Carrie. Mais cette figure féminine hors du commun mérite d’accéder à la postérité comme l’égal des grandes figures tragiques comme Antigone ou Médée. Des femmes qui n’étaient pas faites pour le monde dans lequel elles vivaient et qui pourtant en incarnaient mieux que quiconque les enjeux.
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Dernière modification: 26 février 2011
MOTS-CLÉS : amérique, Etats-Unis, littérature, tragédie, XXe siècle
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